L'imbarco a vista in Francia 1/7/14
L'imbarco a vista in Francia 1/7/14
09/07/2014
PER GENTILE CONCESSIONE DEL
Collectif de réflexion sur le covoiturage périurbain
Bourg en Bresse
www.autosbus.fr
autosbus@laposte.fr
Organiser l’autostop : une solution ?
01/07/2014
Les expériences d’autostop organisé foisonnent dans plusieurs pays
européens. Leur but est de sécuriser et d’amplifier les pratiques d’autostop
libre afin d’en faire un mode de transport attractif et économique, en
particulier en zone périurbaine. Conducteurs et passagers s’inscrivent dans un
même réseau et reçoivent des signes de reconnaissance réciproques (carte,
vignette, brassard, …). Des arrêts sont installés, souvent conjointement avec
les cars scolaires. Les passagers y attendent les conducteurs. Le trajet est
gratuit ou peu onéreux.
Nous présentons ici les résultats d’une enquête réalisée sur cinq
expériences d’autostop organisé, deux en Belgique et trois en France. Une de
ces expériences a été interrompue tandis que les quatre autres se poursuivent
et sont assez similaires. Notre enquête semble constituer une première
exploration du sujet car nous n’avons pas trouvé de travaux de recherche sur
l’autostop organisé ni de réseau d’information dédié à cette pratique.
Plusieurs témoignages très positifs ont été recueillis, notamment ceux
de familles périurbaines qui ont renoncé à leur seconde voiture et qui
utilisent l’autostop de façon quotidienne avec une ponctualité et une sécurité
tout à fait impressionnantes. À l’inverse, nos propres tests sont nettement
moins bons (42% d’abandons après 15 minutes d’attente). La différence s’explique en partie par le profil des
autostoppeurs. En effet, il vaut mieux être femme et jeune plutôt qu’homme et
retraité comme la personne qui a fait les tests. Cependant, nous pensons que
les témoignages de réussites s’expliquent principalement par des effets de
voisinage et des effets de boule de neige qui apparaissant lorsque des passagers
s’habituent à lever le pouce et que des conducteurs s’habituent à les prendre.
Paradoxalement les témoignages recueillis et les tests effectués
s’apparentent le plus souvent à de l’autostop libre car les conducteurs qui
s’arrêtent sont rarement inscrits aux réseaux d’autostop organisé. Nos tests
montrent qu’il y a en moyenne un conducteur inscrit pour 360 voitures passant à
un arrêt du réseau. Ce petit nombre vient de ce que les réseaux d’autostop
n’ont touché en moyenne qu’un habitant sur cent dans les zones périurbaines
étudiées. Dans le contexte de nos tests, il y avait six fois plus de chances
d’être pris en autostop libre que de monter dans la voiture d’un conducteur
inscrit. Dans ce même contexte, il aurait fallu que 5% de la population soit
inscrite pour garantir la ponctualité (moins de 15 minutes d’attente).
Est-il possible d’inscrire 5%
de la population ? Oui si l’on se réfère aux quelques communes pionnières qui
ont atteint ce taux en périphérie de Bruxelles, de Liège ou de Toulouse. Dans ces communes,
une promotion très intensive a été faite sur une longue période (deux ans). Les
méthodes de recrutement actuelles, employées dans les contextes actuels,
pourraient donc probablement permettre de rendre l’autostop suffisamment fiable
en tant que mode de déplacement alternatif.
En s’inspirant à la fois des témoignages de réussite et des tests
effectués, nous imaginons les perspectives suivantes : (1) organiser l’autostop
comme la première étape d’un déplacement qui se continue en train, en bus et/ou
en covoiturage, (2) recruter des usagers par effet de boule de neige à partir
d’un noyau de passagers pratiquant l’autostop sur un même itinéraire et (3)
viser les familles prêtes à renoncer à leur second véhicule car cela représente
une grosse économie et une forte motivation.
Une enquête exploratoire
Le collectif de réflexion
Ce document conclut une enquête réalisée par le ‘Collectif de réflexion
sur le covoiturage périurbain’. Il s’agit d’un groupe informel d’une dizaine de
personnes résidant en périphérie de Bourg en Bresse (France). Les membres du
collectif se sont engagés depuis longtemps dans la promotion du covoiturage
périurbain en créant un premier site en 1986 (au temps du Minitel !) et en
aidant à la création d'un second site en 2008. Nos réflexions sont conduites en
lien avec les institutions locales qui sont tenues régulièrement informées.
Une première exploration de l’autostop organisé
L’autostop organisé vise à sécuriser et amplifier les pratiques
d’autostop libre afin d’en faire un mode de transport attractif et économique,
en particulier en zone périurbaine. Conducteurs et passagers s’inscrivent dans
un même réseau et reçoivent des signes de reconnaissance réciproques (carte,
vignette, brassard, …). Des arrêts sont installés, souvent conjointement avec
les cars scolaires. Les passagers y attendent les conducteurs. Le trajet est
gratuit ou peu onéreux.
Dans le cadre de notre enquête, trois de ces expériences (Bruxelles,
Liège et Toulouse) ont fait l’objet d’une visite sur place et d’un test entre
novembre 2013 et avril 2014. Ces trois expériences ont été choisies en raison
de leur ampleur (plus de 1000 inscrits) et de l’affichage de leurs résultats
sur Internet. Deux autres expériences (Romans et Saint-Etienne) ont été
étudiées par le biais d’entretiens téléphoniques. Pour chaque expérience
étudiée nous avons produit une fiche validée par les responsables concernés.
Le but initial de l’enquête était d’identifier les meilleures pratiques
afin d’en proposer une transposition dans la zone périurbaine de Bourg en
Bresse. L’enquête a donc exclu les déplacements intra-urbains et interurbains
ainsi que les expériences purement rurales.
Cette enquête semble constituer une première exploration du champ. Il
est en effet apparu qu’aucun résultat de recherche n’était disponible sur
l’autostop organisé, et qu’il n’existait pas non plus de réseau d’information
spécifiquement dédié à ce sujet.
Un fourmillement d’initiatives
Une recherche par Internet a permis d’identifier 31 initiatives
d’autostop organisé dans trois pays : Belgique, Italie, France (Voir Annexe 2).
Rien n’a été trouvé pour l’instant dans les autres pays explorés (Allemagne,
États-Unis, Pays-Bas, Royaume-Uni). Parmi les initiatives identifiées, huit ont
été interrompues ou semblent l’avoir été.
C’est surtout en France que les initiatives fourmillent. Cette
effervescence est alimentée par les débats citoyens liés aux ‘agendas 21’ et
aux ‘plans climat’. L’autostop organisé est volontiers encouragé par les élus
dans la mesure où il produit des réalisations visibles avec très peu de dépense
publique. Chaque initiative se dote d’un site Internet sur lequel s’affichent
des bonnes intentions et peu de résultats, ces derniers relevant plus de la
communication que d’un souci de connaissance. Tous ces facteurs encouragent la
multiplication d’initiatives.
Le vocabulaire est instable
Comme toute pratique émergente, l’autostop organisé cherche son
vocabulaire. Au fil de la navigation sur Internet, il s’appelle autostop
encadré, autostop participatif, autostop solidaire sécurisé, covoiturage
participatif, covoiturage sans rendez-vous ou covoiturage instantané. On
trouvera en Annexe 1 la liste des termes utilisés dans cette note en parallèle
avec les synonymes rencontrés au cours d’enquête.
Une confusion s’est révélée particulièrement problématique : celle de
l’autostop organisé et du covoiturage. En Belgique, l’association VAP a d’abord
cherché à établir une coopération avec le principal opérateur de covoiturage
présent à Bruxelles. Après l’échec de ce rapprochement, il a été décidé de
réserver le terme ‘covoiturage’ aux déplacements partagés sur rendez-vous et
d’utiliser le terme d’autostop encadré puis
d’autostop organisé ’ pour les
déplacements partagés sans rendez-vous. Il
y avait des deux côtés un souhait d’éviter la confusion chez les utilisateurs.
À Toulouse, l’association initiatrice du réseau s’est d’abord nommée
‘Covoiturons sur le Pouce’ puis la communication a été repensée en mettant en
avant le nom de Rezo Pouce afin d’éviter la confusion avec le covoiturage sur
rendez-vous. Cette clarification n’a pas été jugée nécessaire à Liège où le
réseau a conservé le nom de Covoit’Stop qui lui avait été donné par les jeunes
initiateurs du projet.
Comment fonctionne l’autostop organisé ?
Les cinq expériences enquêtées fonctionnent avec des petites variantes
sur un modèle commun.
Promotion et inscriptions
Les réseaux font l’objet d’une communication active dans les médias
locaux et dans les bulletins municipaux. Ils disposent d’un site Internet bien
référencé. Les responsables réalisent des animations lors des évènements locaux
(ex : journée des associations, semaine de la mobilité) ou à la sortie des
centres commerciaux en période de soldes ou de promotions. Ces animations
bénéficient de l’aide de jeunes volontaires (conseil municipal des jeunes,
volontaires du service civil).
Les utilisateurs s’inscrivent lors des animations, par Internet ou dans
la mairie de leur commune. À Toulouse l’inscription se fait aussi dans d’autres
‘lieux relais’ tels que bureau d’information jeunesse, bibliothèques, offices
de tourisme, etc.
Arrêts
Les arrêts sont localisés en concertation entre les responsables du
réseau d’autostop et les mairies concernées. L’opérateur des transports en
commun est souvent consulté, plus rarement le service responsable de la voirie
et/ou les services de police. Les arrêts sont matérialisés par des panneaux,
généralement installés par les communes. À Romans, l’opérateur des transports
en commun fait installer les panneaux par un sous-traitant.
L’emplacement des panneaux est choisi de telle façon que le passager
soit visible sans se placer sur la chaussée et que le conducteur dispose d’un
ou deux emplacements de stationnement pour pouvoir s’arrêter hors de la
chaussée.
Pratique de l’autostop
Les conducteurs reçoivent une vignette à coller sur leur pare-brise. Les
passager reçoivent un brassard réfléchissant et quelquefois un gilet (Liège).
Tous reçoivent une carte d’adhérent, généralement avec photo (sans photo à
Liège). Tous les inscrits signent une charte et ont accès à un espace personnel
sur le site Internet. Grâce au site Internet, les passagers impriment des
fiches de destination en A4 ou A5, fiches qu’ils montrent aux conducteurs (sauf
à Liège où le passager montre simplement sa carte). Le réseau recommande la
gratuité (Bruxelles, Liège) ou suggère une participation de l’ordre de 1€ pour
10 km (Romans, Toulouse). Conducteurs et passagers disposent d’un numéro de
téléphone auquel ils peuvent envoyer des SMS signalant un éventuel problème ou
annonçant leur déplacement.
Gestion du réseau
Le réseau est géré par un regroupement de communes (Liège, Romans,
Toulouse) ou plus rarement par une association ayant des adhérents individuels
(Bruxelles). Le réseau dispose de correspondants dans les communes mais pas au
niveau infra-communal (quartiers, hameaux).
Le réseau est géré en étroite collaboration avec l’opérateur de
transports en commun (Toulouse, Liège) ou même directement par cet opérateur
(Romans). Les arrêts d’autostop organisé sont souvent les mêmes que les arrêts
de bus. A contrario, dans un cas de moins bonne collaboration (Bruxelles),
l’opérateur des transports s’est efforcé d’éloigner les arrêts d’autostop de
ses propres arrêts de bus, ce qui a pu conduire à installer les premiers dans
des endroits inadaptés.
La
gestion du réseau demande du personnel. Sans compter les jeunes
volontaires employés dans tous les réseaux, cette gestion mobilise un
équivalent temps plein à Romans, plus à Toulouse et moins à Bruxelles et Liège.
Les réseaux reçoivent des aides publiques en provenance des départements ou
provinces, des régions et des agences nationales (ex : ADEME en France).
Cependant, il s’agit de financements de projets et non pas de financements
pérennes. Les réseaux de Toulouse et de Bruxelles demandent des cotisations aux
communes adhérentes.
Des témoignages de succès impressionnants
Plusieurs témoignages très positifs ont été recueillis, notamment ceux
de familles périurbaines qui ont renoncé à leur seconde voiture et qui
utilisent l’autostop de façon quotidienne avec une ponctualité et une sécurité
impressionnantes.
Trois ans d’autostop quotidien sans retard notable ni incident
Une famille habite à 30 km au nord de Toulouse où Monsieur travaille.
Madame travaille à Moissac, c'est-à-dire à 35 km dans la direction opposée. Une
de leurs deux voitures est tombée en panne en 2010 au moment de la création de
Rezo Pouce. Ils ont alors fait le choix de ne pas la remplacer. Pendant trois
ans, Madame a fait la plupart de ses trajets en combinant le covoiturage avec
des voisins et l’autostop, quelquefois avec quatre conducteurs successifs sur
un même trajet. Pour un trajet qui dure normalement 45 minutes elle ne met
généralement qu’un quart d’heure de plus. Avoir un seul véhicule au lieu de
deux représente une grosse économie qui justifie largement de payer un taxi le
jour où l’autostop ne marche pas assez bien. Cela est arrivé une seule fois en
trois ans. Quant aux retards, il y a eu cinq ou six mais, aux dires de
l’intéressée, pas pires que ceux de son mari, usager du train. Elle n’a jamais
fait de mauvaises rencontres. Cependant, à la moindre gêne, elle n’hésite pas à
demander de descendre et cela arrive fréquemment. À noter que les conducteurs
avec qui elle voyage ne sont pas tous inscrits au réseau, qu’il s’est formé une
habitude d’autostop avec plusieurs conducteurs ‘réguliers’ et qu’elle propose
une participation aux frais que la plupart des conducteurs refusent.
L’autostop pallie efficacement à l’absence de bus
À vingt kilomètres au sud de Liège, une famille habite la commune
d’Eyneux, et plus précisément un hameau situé à quelques kilomètres du centre.
Ce hameau est mal desservi par les bus (1 AR/j). La famille partage une seule
voiture conduite selon les jours par Monsieur ou Madame. Celui ou celle qui n’a pas la voiture pratique
l’autostop pour se rendre à la gare d’Eyneux et de là à Liège (10 AR/j). Madame témoigne que
cela marche très bien, notamment parce que les conducteurs savent qu’il n’y a
pas de bus et sont habitués à prendre les autostoppeurs. Elle n’a jamais ressenti d’insécurité.
Laisser sa voiture au garage
et passer à l’autostop
Toujours au sud de Liège, un
retraité de Sprimont a un jour découvert le réseau Covoit’stop et décidé de
laisser sa voiture au garage. Il a été rapidement pris en stop et a renouvelé
l’expérience de plus en plus souvent. Invité comme témoin lors d’une réunion
organisée par les administrateurs du réseau, il s’y est rendu en stop et n’a
pas eu de retard.
Trois exemples d’alternative durable à la voiture
Ces trois témoignages mériteraient d’être étudiés de plus près, ce que
nous n’avons pas pu faire dans le cadre de cette enquête. Ils ont plusieurs
traits communs :
L’autostop est
devenu une alternative durable à la voiture,
L’autostop a été choisi librement,
La ponctualité a été très satisfaisante,
Le sentiment d’insécurité n’a
pas été un frein.
Des tests pas encore probants
Nos tests ont été décevants
Lors de nos visites à Bruxelles, Liège et Toulouse, nous avons testé
l’autostop dans les conditions prévues par le réseau (brassard, fiche de
destination, arrêts du réseau) et sur des itinéraires recommandées par les
animateurs1.
Les tests ont été faits en semaine entre 8h et 17h. Au total sur les trois
sites, 19 tentatives d’autostop ont été faites, 1073 voitures sont passées,
deux conducteurs inscrits se sont arrêtés (une conductrice à Liège et un
conducteur à Toulouse) ainsi qu’une ‘sympathisante’ ayant entendu parler du
réseau (à Bruxelles). On suppose qu’un conducteur inscrit s’arrête toujours
lorsqu’il voit un passager portant les signes de reconnaissance du réseau. Si
cela est vrai, alors il y avait un conducteur inscrit ou sympathisant pour 360
voitures qui sont passées durant les tests (1073/3), soit une proportion de
l’ordre de 0,2%. Nous pensons que ce petit pourcentage est cohérent avec la
proportion de la population périurbaine qui est inscrite dans les réseaux et
qui se situe entre 0,6 et 2% (voir notre explication en Annexe 3, page 18).
1 Mais pas toujours aux arrêts des réseaux
2 Hors poids lourds, dans le sens de la destination demandée. En tenant
compte de l’heure des tentatives, nous estimons que cela correspond à un trafic
de 2000 à 14000 véhicules /jour
3 Mais 50% à Liège
4 Mais 28% à Liège
Des conducteurs non inscrits se sont également arrêtés, ce qui a permis
d’obtenir 11 réussites au total sur 19 tentatives, la réussite étant définie
comme le fait de ne pas attendre plus de 15 minutes. Dans le cas des tentatives
réussies, l’attente a été de 9 minutes en moyenne. En ce qui concerne les
réussites, nous n’avons pas constaté de différence notable entre les trois
réseaux. Finalement, nous avons eu huit échecs sur 19 tentatives (42%), ce qui
est dissuasif si l’on cherche une alternative à la voiture.
À noter également que le taux d’échec a été plus grand aux arrêts des
réseaux que pour les tentatives faites en dehors des arrêts (voir Tableau 3,
p16). En faisant nos tentatives, nous avons compté à la fois à la fois notre
temps d’attente et le nombre de voitures passant pendant l’attente, ce qui a
permis de mesurer la densité du trafic, laquelle s’est située entre 100 et 500
véhicules par heure2.
Curieusement, le taux d’échec et le temps d’attente ont été plus grands
lorsqu’il y avait plus de trafic (voir Figure 1, p16).
Nos tests ont également été décevants dans la mesure où les deux
personnes inscrites qui se sont arrêtées n’avaient jamais rencontré d’autres
autostoppeurs aux arrêts du réseau depuis respectivement 3 mois (Toulouse) et
trois ans (Liège). Une explication pourrait être que les autostoppeurs
attendent si peu aux arrêts que l’on n’a pas le temps de les apercevoir, mais
notre expérience contredit cette explication. Une autre explication plus
embarrassante est que les réseaux recrutent principalement des conducteurs (36
à 38%3) ou des
conducteurs / passagers (45 à 49%4) et que ces derniers pratiquent peu l’autostop. Même
ceux qui s’inscrivent comme purs passagers ne lèvent pas tous le pouce. Ainsi à
Bruxelles et Liège, un inscrit sur cinq déclare être un pur passager (18% et
22% respectivement) et moins de la moitié d’entre eux pratique effectivement
l’autostop (33% et 43% respectivement).
Finalement, si l’on considère que deux conducteurs étaient réellement
inscrits sur les onze qui se sont arrêtés, on doit reconnaître que les réseaux
d’autostop organisé n’ont pas encore fait la différence avec l’autostop libre.
Un test similaire à Romans
Un autre test a été réalisé à Romans en avril 2014 sur une durée de
plusieurs semaines. Il était encore en cours à la date de nos analyses. Il a
mobilisé 3 femmes et 3 hommes, tous volontaires de service civil âgés d’environ
20 ans. Ces jeunes utilisaient des fiches de destination. Ils portaient leur
brassard réfléchissant dans certains cas mais pas toujours. Les tentatives
d’autostop, au nombre de 49, se sont conclues comme suit :
Réussite en moins de 10
minutes : 23
Réussite en 10 à 15 minutes :
14
Attente de plus de 15 minutes
ou échecs5
: 12
5 Un des échecs correspondait à
une tentative d’autostop à deux. Plusieurs sont explicables par une tenue « très
décontractée ».
Par rapport à nos propres tests, le taux de réussite est meilleur (75%
contre 58%). Il faut toutefois noter que parmi les 43 conducteur qui se sont
arrêtés, 3 seulement étaient inscrits au réseau. Nous estimons que la
proportion de conducteurs inscrits circulant aux arrêts du réseau est aussi
faible (0,2%) que lors de nos propres tests (voir Annexe 4, page 20). Le fait
que le taux de succès soit meilleur ne devrait donc pas s’expliquer par une
plus grande efficacité du réseau mais plutôt par des facteurs liés à l’autostop
libre, notamment le plus jeune âge des autostoppeurs et la présence
d’autostoppeuses.
Une enquête similaire à Liège
Une enquête réalisée à Liège en septembre 2013 a permis de toucher 450
inscrits. Les personnes inscrites comme passagers déclarent avoir déjà été
prises en stop dans une proportion de 43%. Cette proportion est encore de 30%
chez les personnes inscrites comme conducteurs/passagers. L’attente aux arrêts a été inférieure à 15 minutes
dans la moitié des cas (53%), ce qui représente un taux de réussite du même
ordre que celui de nos tests. Un cinquième des conducteurs a déjà pris des
passagers, mais plus de la moitié « ne voient personne aux arrêts ».
Les réseaux d’autostop n’ont pas encore atteint leur seuil de succès
Avec des taux de succès entre 50 et 75%, les réseaux étudiés n’ont pas
encore fait la preuve qu’ils offraient une alternative fiable à la voiture. Aux arrêts d’autostop, il passe un conducteur inscrit
pour 300 à 600 voitures. C’est encore trop peu pour aboutir à un temps
d’attente acceptable.
Une pratique encore proche
de l’autostop libre
Les témoignages recueillis et les tests effectués s’apparentent le plus
souvent à de l’autostop libre car les conducteurs inscrits aux réseaux sont
rares. Un résultat paradoxal de notre enquête a donc été de produire des
connaissances sur l’autostop libre, ce qui n’est pas négligeable car cette
pratique est également mal connue.
Que sait-on de l’autostop libre en zone périurbaine ?
Il n’y a peu de connaissances accessibles par Internet sur l’usage
périurbain de l’autostop libre. En voici quelques unes :
Il vaut mieux être
une femme qu’un homme. Les animateurs de Jungo, un réseau italien d’autostop
organisé ont réalisé des tests avant et après le lancement de leur expérience à
Trento en 2009. Avant le lancement de Jungo, c'est-à-dire en autostop libre, le
temps d’attente moyen était de 11 minutes pour les femmes et de 22 minutes pour
les hommes. Cette différence s’est maintenue même après le lancement du réseau
comme le montre les résultats d’un concours d’autostop dans lequel le gagnant a
eu 5,2 minutes d’attente en moyenne et la gagnante 2,8 minutes
(http://www.jungo.it/).
On fait surtout de
l’autostop quand on n’a pas le choix. Cette connaissance intuitive a été
précisée par une enquête réalisée en 2010 auprès des usagers des ‘maisons de la
solidarité’ du département Hautes Alpes. Le
répondant typique était une personne seule bénéficiaire du RSA. Sur un total de 319
trajets périurbains, les modes de transport ont été dans l’ordre : voiture
personnelle (64), covoiturage familial (45), bus (42), train (38), autostop
(34), cyclomoteur ou vélo (18). Ces résultats s’interprètent de la façon
suivante : dans une commune périurbaine mal desservie par le train ou le bus,
l’autostop est la solution pour ceux qui n’ont pas de voiture et pas de proches
pouvant les conduire.
On abandonne l’autostop dès
que l’on n’y est plus contraint. C’est
une des conclusions de la thèse de Stéphanie Vincent sur les déplacements
alternatifs à la voiture individuelle : « l'usage de la voiture consacre et
symbolise l'autonomie acquise par le jeune qui passe à l'état adulte (rite du
permis de
conduire) ». Lorsque l’on passe
à la voiture, l’image de l’autostop reste négativement associée à l’absence
d’autonomie. L’autostoppeur est perçu comme une personne qui ne peut pas se
débrouiller normalement. Malgré tout, le passage du statut d’autostoppeur à celui
de conducteur laisse aussi une trace positive sous forme d’une plus grande
propension à s’arrêter pour prendre des passagers qui lèvent le pouce, par
fidélité à son propre passé.
L’autostop peut être
‘choisi’
L’enquête réalisée par les
animateurs du réseau de Liège confirme que l’autostop est une pratique
contrainte plutôt que choisie. En effet, les passagers sont majoritairement des
personnes sans emploi ou en études (environ 60%), c'est-à-dire
vraisemblablement sans voiture.
Cependant, cette règle a des exceptions. Ainsi, les trois premiers
témoignages cités en page 4 révèlent que l’on peut pratiquer l’autostop par
choix.
Une insécurité imaginée beaucoup plus que réelle
Plusieurs témoignages recueillis au cours de l’enquête confirment l’idée
assez répandue que l’autostop libre est une pratique à risque. Ainsi, un conducteur inscrit à Romans affirme qu’il ne
laissera jamais une autostoppeuse sur le bord de la route de peur qu’il lui
arrive quelque chose. Dans une enquête réalisée en 2012 auprès des personnes
inscrites au réseau de Bruxelles, 30% des réponses citent « la peur de
rencontrer un inconnu ».
L’expérience ne confirme pas du tout cette image d’insécurité. Ainsi
l’autostop libre a fonctionné pendant trente ans aux États-Unis quasiment sans
incident. Dans le contexte américain, l’autostop se pratique en périphérie des
grandes villes sur les voies autoroutières réservées aux voitures occupées par
plusieurs personnes (slugging). À
Washington, ville pionnière dans ce domaine, aucune violence n’a été signalée à
la police jusqu’en 2010, quand un militaire retraité a bousculé un de ses
passagers après que ce dernier ait menacé de porter plainte à cause de sa
conduite dangereuse. Cela représente un incident sérieux sur plusieurs
dizaine de milliers de trajets. Les incidents sont d'ordinaire plutôt bénins
comme ce passager qui s'est plaint d'être "pris en otage" par un
conducteur qui tentait de l'évangéliser.
La sécurité de l’autostop est confirmée par le témoignage de la personne
qui a circulé tous les jours au nord de Toulouse pendant trois ans sans
incident, mais qui n’hésite pas à demander de descendre à la moindre gêne.
Un succès extrêmement variable
Les tests effectués lors de notre enquête à Bruxelles, Liège et Toulouse
ressemblent beaucoup à de l’autostop libre. En effet sur onze conducteurs qui
se sont arrêtés, huit ne connaissaient pas le réseau d’autostop local et trois
seulement étaient inscrits ou sympathisants. Sans compter ces trois derniers
conducteurs, 1085 voitures sont passées pendant les tests et nous admettons
qu’il n’y avait pas de conducteurs inscrits parmi elles. Nous pouvons alors
dire qu’un conducteur sur 148 s’est arrêté dans un contexte d’autostop libre
(1085/8).
Dans le cas de l’enquête
réalisée à Liège et citée ci-dessus, nous estimons qu’un conducteur non-inscrit
sur environ 110 s’arrête pour prendre des autostoppeurs (voir Annexe 4, page
20). Dans
le cas du test réalisé à Romans et cité plus haut, nous estimons que ce chiffre
tombe à un sur 50 (voir Annexe 4, page 20).
Dans le cas du témoignage de
l’habitante d’Eyneux, on notera qu’elle ne connaissait pas le réseau
Covoit’stop et qu’elle décrit sa pratique comme de l’autostop libre. Elle se déplace sur
une route dont le trafic est faible (supposons 1000 véhicules / jour) et elle
affirme que son temps d’attente est faible (supposons 10 minutes en moyenne). À
partir de ces suppositions, on déduit qu’un conducteur sur 5 prend des
autostoppeurs le long de cette route.
Surpris par un tel taux de succès, nous avons cherché à le vérifier par
un test similaire en périphérie de Bourg en Bresse dans une zone non concernée
par l’autostop organisé. Six tentatives ont été faites sur un itinéraire
reliant Journans, un village mal desservi et une gare distante de 4 km. Les
heures et les jours étaient très différents. La réussite a été de 100% et le
temps d’attente moyen a été inférieur à une minute (moins que le
métro à Paris !). Mieux
encore, il n’est passé que sept voitures pendant les six essais, c'est-à-dire
que tous les conducteurs se sont arrêtés sauf un.
L’extrême diversité de ces résultats est surprenante. Si on arrive à
l’expliquer, alors on comprendra probablement pourquoi nos tests ont été
décevants alors qu’il existe d’indiscutables témoignages de succès. C’est ce
que nous allons chercher à faire dans les sections suivantes.
Mieux vaut être femme et jeune plutôt qu’homme et retraité
Comme le suggère le test italien cité plus haut, un homme a probablement
deux fois moins de chances d’être pris en autostop libre qu’une femme. On peut
également penser que les jeunes attendent moins que les vieux mais nous n’avons
aucun élément factuel à l’appui de cette affirmation. Or les tests de notre
enquête ont été effectués par un homme retraité. Ce profil joue probablement un
rôle dans les résultats décevants qui ont été obtenus (un arrêt pour 148
voitures). L’enquête réalisée dans la périphérie de Liège donne de meilleurs
résultats (un arrêt pour 110 voitures d’après nos estimations). Cela est
cohérent avec le fait que la majorité des répondants avait moins de 25 ans et
que 60% étaient des femmes.
Le test de Romans a été réalisé par des jeunes d’environ 20 ans dont la
moitié de femmes. Ce test devrait donc donner comme à Liège, des résultats de
l’ordre de un arrêt pour 110 voitures (plus petite proportion de femmes mais
passagers plus jeunes). Or nous estimons ici qu’une voiture sur 50 s’est
arrêtée, ce qui est un résultat bien meilleur. Il y a donc probablement
d’autres raisons à ce résultat et ce sont certainement ces autres raisons qui expliquent
aussi le succès de l’autostop à Eyneux (où une voiture sur cinq s’arrête).
Revenons pour finir sur le test
que nous avons réalisé à Journans en périphérie de Bourg en Bresse et qui a
donné le résultat incroyable de moins d’une minute d’attente en moyenne. Celui
qui levait le pouce était pourtant le même homme retraité qui avait fait les
tests décevants à Bruxelles, Liège et Toulouse. Ce constat montre à l’évidence
que le profil de l’autostoppeur compte n’est pas le principal facteur de succès
ou d’échec.Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide.
Mieux vaut faire du stop en terrain connu
Dans le test de Journans, tous les conducteurs qui se sont arrêtés
étaient des personnes connues, voire des amis. Parmi eux, plusieurs déclarent
qu’ils ne prennent jamais d’autostoppeurs mais qu’ils ont fait une exception.
C’est un autre facteur qui
explique le succès du stop dans le témoignage de l’habitante d’Eyneux. Celle-ci
affirme en effet qu’elle est loin de connaître tous les conducteurs qui s’arrêtent
mais que ceux-ci « savent qu’il n’y a pas d’alternative au stop pour se
déplacer».
Dans les deux cas cités ici, la
décision du conducteur est facilitée car il pense que le trajet sera très court
et que le passager est un voisin dont le style de vie n’est pas très différent
du sien. La peur de l’inconnu ne joue pas ou joue très peu.
Des habitudes d’autostop s’installent sur certaines routes
L’exemple de la commune
d’Eyneux suggère que le succès de l’autostop libre s’accroît avec la pratique.
En effet de nombreuses personnes se font conduire à la gare et les conducteurs
prennent l’habitude de les embarquer. C’est aussi ce qu’affirme la personne qui
a pratiqué l’autostop tous les jours pendant trois ans dans la périphérie nord
de Toulouse. À de nombreuses reprises, ce sont les mêmes conducteurs « habitués » qui
se sont arrêtés pour elle. Nous pensons qu’il se forme des habitudes d’autostop
sur certains itinéraires par effet de boule de neige entre des passagers qui
s’habituent à lever le pouce et des conducteurs qui s’habituent à les prendre.
Quelle valeur ajoutée par rapport à l’autostop libre ?
Les autostoppeurs font-ils le pas ?
En 2011-2012, plusieurs arrêts d’autostop organisé ont été créés au sud
de St Etienne. L’autostop était déjà pratiqué, typiquement par des jeunes
utilisant les transports en commun le matin et souhaitant rentrer chez eux en
milieu d’après midi. Ce sont d’ailleurs ces jeunes qui ont eu l’idée du réseau.
Malgré ces conditions favorables, peu de personnes se sont inscrites et les
kits de covoiturage gratuits n’ont pas été demandés. De fait, l’expérience n’a
pas vraiment amplifié la pratique d’autostop qui préexistait. Cette déception
vient probablement de ce qu’il fallait s’inscrire en mairie et que les
avantages du kit n’étaient pas considérés comme suffisants pour justifier cette
petite démarche. A Floirac, dans la périphérie de Bordeaux, un projet de stop
organisé lancé en 2012 par la municipalité a échoué pour des raisons
similaires. Pour rendre le réseau fiable on demandait aux gens d’apporter leur
carte d’identité, la carte grise et l’assurance du véhicule, puis de signer un
engagement. Tout cela a freiné la démarche.
Au contraire, dans les expériences de Bruxelles, Liège, Romans et
Toulouse, l’essentiel des recrutements se fait en ‘face-à-face’ lors des
animations ou par Internet, c'est-à-dire avec le minimum de contrainte. À noter
qu’à Liège 61% des inscrits interrogés lors d’une récente enquête déclarent
qu’ils pratiquaient déjà l’autostop libre.
Ces constats montrent que les
adeptes de l’autostop libre passent facilement à l’autostop organisé à
condition que la démarche d’inscription soit très légère. Cela suggère à
contrario que la valeur ajoutée de l’autostop organisé n’est pas très
importante à leurs yeux.
L’autostop organisé peut-il
devenir un mode de déplacement fiable ?
Pour estimer les chances de réussite de l’autostop organisé, nous avons
extrapolé les résultats de nos tests faits à Bruxelles, Liège et Toulouse. Pour
cela, nous avons simulé cent tentatives d’autostop sur différentes routes ayant
un trafic de 3000 à 13000 voitures /jour (la moyenne de nos tests était de
9000). Nous avons supposé que 80% des inscrits sont conducteurs et que tout les
conducteurs inscrits s’arrêtent lorsqu’ils voient un passager lever le pouce
avec les signes de reconnaissances du réseau. Quant aux conducteurs non
inscrits, nous avons admis qu’ils s’arrêtent dans une proportion variant entre
un pour 120 et un pour 190 (la moyenne de nos tests était de un pour 148). Les
cent simulations d’autostop ont été faites en tirant des valeurs au hasard à
l’intérieur de ces fourchettes. L’ordre de passage des conducteurs inscrits et
non inscrits était également aléatoire. Nous nous sommes donné comme objectif
que 95% des tentatives soient réussies en moins de quinze minutes. Plus il y a
de conducteurs inscrits, plus il y a de chances d’atteindre cet objectif.
D’après nos calculs, il faudrait parvenir à inscrire 5% de la population
périurbaine pour atteindre l’objectif de fiabilité (voir annexe 3, page 19). Or
le taux d’inscription moyen est actuellement de 1%.
Cette simulation est basée sur des expériences d’autostop faites par un
homme retraité et étranger au territoire concerné. Atteindre l’objectif serait
beaucoup plus facile s’il s’agissait de jeunes passagères se déplaçant
régulièrement sur des itinéraires habituels. Un taux d’inscription de 1% de la
population (le taux moyen actuel des réseaux étudiés) suffirait probablement.
Cependant pour que l’autostop organisé devienne une alternative à la voiture,
il doit être fiable pour tous les usagers. De ce point de vue, la simulation
faite à partir de nos tests est tout à fait justifiée.
Serait-il possible de faire passer les taux d’inscription de 1 à 5% ?
Oui si l’on se réfère aux quelques communes pionnières qui ont atteint cette
cible en périphérie de Bruxelles (Ittre), de Liège (Sprimont) et de Toulouse
(Moissac). Dans ces communes pionnières, une promotion très intense a été faite
de façon suivie sur une durée d’au moins deux ans. Si les mêmes méthodes
étaient appliquées à grande échelle et dans la durée, alors elles pourraient
probablement permettre d’atteindre la cible de 5% et de fiabiliser l’autostop
organisé.
Une perspective : relier
l’habitation à d’autres modes de transport
Des réseaux organisés de
façon volontariste
Les quatre réseaux étudiés à Bruxelles, Liège, Romans et Toulouse
recrutent leurs membres grâce à une promotion volontariste. Comme on l’a vu
plus haut (page 3), les responsables réalisent des animations lors des
évènements locaux et à la sortie des centres commerciaux. Les animations sont
relayées par un site Internet et par les mairies. Tout cela nécessite beaucoup
d’énergie. Par exemple les responsables des VAP de Romans ont réalisé 26
journées d’animation en 2013, ce qui a permis de ‘toucher’ 4500 personnes et de
prendre 200 inscriptions, soit 0,7% de la population desservie. Tout en étant
exigeant, cette forme de promotion pose aussi un problème d’efficacité dans la
mesure les nouveaux inscrits ne se lancent pas nécessairement dans la pratique
de l’autostop. En effet, ce sont surtout des conducteurs qui s’inscrivent et
les passagers sont en petit nombre, seule une minorité d’entre eux pratique
l’autostop (voir page 5), les conducteurs ne voient presque personne aux arrêts
et la mayonnaise tarde à prendre.
Les méthodes de promotion actuelles permettront peut être d’atteindre le
seuil de 5% d’inscrits et une attente de moins de 15 minutes, mais nous pensons
que cela nécessitera un effort considérable et qu’il faudra attendre plusieurs
années avant qu’un nombre suffisant de passagers pratiquent l’autostop, que les
conducteurs s’habituent à les voir aux arrêts et que la mayonnaise prenne.
Comment créer une pratique
d’autostop ?
Comme on l’a vu plus haut (page 8), l’autostop libre peut fonctionner
d’une façon remarquablement efficace dans certaines contextes où se produisent
les effets suivants :
Effet de voisinage
– les autostoppeurs sont des personnes connues, voire des amis ou au pire des
gens dont on pense que le style de vie n’est pas très différent du sien ; de
plus on estime que le trajet sera de très courte durée ; la crainte d’un
incident ou d’une simple gêne se réduit tandis que l’envie de rendre service
augmente, d’autant plus si l’on sait que l’itinéraire est mal desservi par les
bus.
Effet d’habitude - les
conducteurs s’habituent à voir et à prendre les mêmes passagers qui lèvent le
pouce aux mêmes endroits et aux mêmes heures ; la crainte d’un incident ou
d’une gêne disparaît pour le conducteur comme pour le passager ; la fiabilité
de l’autostop est améliorée pour le passager qui est encouragé à continuer.
En nous appuyant sur les témoignages de réussite recueillis lors de
notre enquête (page 4) et sur le succès du test effectué en périphérie de Bourg
en Bresse (page 7), nous imaginons une stratégie alternative pour le
développement de l’autostop organisé. Plutôt qu’une démarche volontariste
‘partant du haut’, il s’agirait de ‘partir du bas’, c'est-à-dire d’un ou
plusieurs groupes de familles voisines et volontaires pour laisser une voiture
au garage de temps en temps ou ayant même la perspective de renoncer à leur
second véhicule. Leurs motivations pourraient être l’environnement et la
convivialité mais prioritairement l’économie car s’il est envisageable de vivre
avec une seule voiture au lieu de deux l’économie et la motivation sont
considérables.
Ces familles définiraient un ou plusieurs itinéraires d’autostop,
notamment en direction d’une gare, d’une ligne de bus rapide ou d’une aire de
covoiturage. Elles commenceraient à pratiquer le stop de façon régulière avec
des signes de reconnaissances (brassard, fiche de destination). Nous pensons
que les effets de voisinage et d’habitude apparaîtraient rapidement et que le
stop serait vite efficace. Ensuite, passagers et conducteurs s’inviteraient
mutuellement à adhérer au réseau.
Cette stratégie fait écho à une des perspectives que se donne Rezo Pouce
à Toulouse, à savoir utiliser l’autostop comme moyen de rabattement vers
d’autres modes de transports. Il s’agit d’organiser des chaînes de mobilité
sans voiture dans lesquelles l’autostop assurer la partie terminale du
déplacement dans la zone d’habitat dispersé qui est trop difficile à desservir
par les transports en commun.
Annexe 1 – Glossaire
Cette annexe présente le vocabulaire utilisé dans cette note en
parallèle avec les synonymes rencontrés au cours de l’enquête.
Autostop libre – ce terme est proposé ici pour la clarté de la réflexion
– les termes courants sont autostop et stop. On trouve en anglais hitchhicking
et lift, plus slugging (américain) dans les cas des voies
autoroutières réservées aux voitures occupées par plusieurs personnes.
Autostop organisé - autostop
encadré, autostop participatif, autostop solidaire sécurisé, covoiturage
participatif, covoiturage sans rendez-vous, covoiturage instantané
Conducteur - automobiliste
Fiche de destination – fiche
destination, carton de destination, carton directionnel,
Passager - piéton
Vignette autocollante (à placer
sur le pare brise) – vignette, autocollant
Annexe 2 – Expériences recensées
Apt (Vaucluse)
ZAPT: http://trajeco.org/zapt/mostop.php
+33 (0) 4 90 04 88 58 ou +33 (0) 805 202 203
Accès en juin 2014
Aubusson (Creuse)
http://stopencreuse.free.fr/
06 80 37 32 00 claire.chou@hotmail.fr
Expérience interrompue
Baie de Somme (Somme)
http://www.ecomobilite-baiedesomme.fr/autostop-organisé/ Accès en juin
2014
Bourbon l’Archambault (Allier)
http://covoiturage-spontane.fr/ Centre Social de Lucy-Lévis, Covoiturage
Spontané, 03320 Lurcy-Lévis + 33 (0) 4 70 67 91 35 Accès en juin 2014
Brest (Finistère)
http://www.mobilite-durable-brest.net/article219.html Accès en juin 2014
Bruxelles
http://www.vap-vap.be/ Rue des Marcassins, 3 - 1170 Bruxelles +32 (0) 2
675 05 88 - info@vap-vap.be Accès en juin 2014
Chambéry (Savoie)
http://www.savoie-technolac.com/108-mobilac-deplacement.htm +33(0) 4 79
25 39 95 Accès en juin 2014 - le service semble interrompu
Dôle (Jura)
http://www.grand-dole.fr/vivre/t-libre.htm +33 (0) 3 63 36 72 14 Accès
en juin 2014
Evreux (Eure)
http://www.alsm-evreux.net/projetauto-stops/index.html +33 (0) 6 65 90
37 08 Accès en juin 2014
Floirac (Gironde)
http://www.ville-floirac33.fr/Agenda-21/L-agenda-21-en-actions/L-ecostop-Premier-dispositif-d-autostop-organise-de-Gironde
Accès en juin 2014
Gap (Hautes Alpes)
http://www.chemins-traverse.com/covinstantane.html Association
Mobil'idées : mobilidees@yahoo.fr chemins_de_traverse@yahoo.fr Accès en juin
2014
Hédé sur Bazouges (Creuse)
http://la-navette-citoyenne.blogspot.fr/
+33 (0) 2 99 45 41 13 Accès en juin 2014
La Chapelle (Loire Atlantique)
http://autostopparticipatif44.6mablog.com/ Accès en juin 2014 –
expérience interrompue
La Mûre (Isère)